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The blob

Permettez-moi de vous présenter, si vous ne le connaissez pas encore, mon petit favori dans la catégorie plus que bizarrement insolite: un myxomycète apparu sur Terre il y a environ un milliard d’années, plus connu sous son exquise appellation de blob.

Il en existe plusieurs sortes, tels que le Physarum polycephalum ou le Fuligo septica.

Qu’est-ce qu’un blob ?

Excellente question! Comme on pouvait s’y attendre les biologistes se sont arraché plus d’un cheveu avant de parvenir à répondre à cette légitime interrogation !!! Ils ont d’abord établi qu’en tout cas, cette masse gélatineuse ressemblant à un vomi de chien (les anglo-saxons n’hésitent d’ailleurs pas à l’appeler littéralement dog vomit) n’était pas :

🐌 un animal
🌿 une plante
🍄 un champignon

OK, ce n’est donc même pas un champignon, bien que c’était ce que l’on croyait au départ (intégrer le concept qu’un champignon, ce n’est pas une plante, c’était déjà compliqué et maintenant il faut en plus assimiler qu’il y a des champignons qui ne sont pas des champignons?! 🤪).

Mais c’est quoi alors?
Le blob est en fait un myxomycète, un organisme unicellulaire à noyau dont il existe environ un millier d’espèces.

Ainsi récapitulons, parmi les êtres vivants, nous avons donc :

🐌 les animaux
🌿 les plantes
🍄 les champignons
Et TADAAA 🥳 …les myxomycètes

Annonce

lien vers un livre de la spécialiste du blob Audrey Dussutour

 

Et attention spoiler: il y en a encore d’autres mais on aura le temps d’en discuter une autre fois, les scientifiques eux-mêmes n’étant pas trop au clair sur le sujet, on n’est pas pressés.

Le blob est par conséquent une simple cellule géante

Enfin simple, c’est vite dit. C’est une cellule :

1) sans cerveau mais qui peut apprendre,
2) sans pied mais qui peut avancer,
3) sans bouche mais qui peut manger,
4) microscopique au départ qui grandit sans limite de taille,
5) qui n’est ni mâle ni femelle, mais qui a 720 types sexuels,
6) et diverses autres petites spécialités sympas, comme celle d’être quasi-immortelle.

1) Sans cerveau mais qui peut apprendre

Une biologiste française, Audrey Dussutour, a pu démontrer qu’un blob pouvait apprendre! Elle lui a fait traverser une sorte de pont parsemé de sel, chose qu’apparemment il exècre. Sa vitesse ralentie au départ par son dégoût/peur du sel, est revenue à la normale à partir du cinquième jour, ce qui tend à démontrer que le blob apprend à dépasser sa répulsion.

Cette expérience a été répétée avec succès sur 4’000 blobs et d’autres chercheurs l’ont également tentée en remplaçant le sel par de la quinine (nous sommes tous émus par la patience et la persévérance des scientifiques 😁). Il fallait bien de quoi convaincre les sceptiques tant il est difficile d’accepter l’idée que l’on puisse apprendre sans cerveau (et pourtant, un être vivant à même d’apprendre en ayant zéro neurone, n’est-ce pas là un sympathique espoir pour l’humanité ?).

2) Sans pied mais qui peut avancer

Le blob, ce vomi de chien, cette omelette baveuse, se déplace d’un à quatre centimètre par heure, ceci grâce au courant circulant dans son réseau veineux. Par conséquent, on risque de le retrouver ailleurs que là où on la laissé 😅, aventure qui est d’ailleurs arrivée à Audrey Dussutour comme elle le raconte dans son livre.

3) Sans bouche mais qui peut manger

Notre blobinet sans bouche se nourrit de bactéries et de champignons (et dire qu’au début on pensait que c’était lui-même un champignon 😏). Il ne dit pas non également à des flans ou des flocons d’avoine en laboratoire. Qui plus est, cet être sans cerveau est un excellent diététicien, privilégiant d’office l’ingurgitation de nutriments riches en protéines plutôt qu’en sucre.

4) Sans limite de taille

Ce goinfre a un appétit vorace, il peut ainsi doubler de taille tous les jours et mesurer jusqu’à 10 m² en laboratoire! Et ce qui est méga cool, c’est que deux blobs peuvent fusionner quand on les rapproche l’un de l’autre. Ils ne font ainsi plus qu’un et youplaboum, il grandit, grandit, grandit… Il n’y aurait théoriquement pas de limite à sa taille. On en a repéré un aux Etats-Unis qui fait plus d’1 km² 😱! Pas étonnant donc, qu’on lui ait donné ce petit nom charmant de blob, un clin d’œil au film The Blob de 1958, dans lequel une espèce d’alien informe dévore tout sur ce qui lui tombe sous la main, dent, ….🧐 (?) et qui s’étend dans la ville en terrorisant la population du coin.

The blob 👽

5) Le blob n’est ni mâle ni femelle

Le blob n’est ni mâle ni femelle, ce qui, alléluia, permet de court-circuiter d’entrée de jeu toute blague sexiste -dans un sens comme dans l’autre- en lien au fait qu’il n’a pas de cerveau. En revanche, il a 720 types sexuels. Excusez-moi mais je ne comprends ce que cela peut signifier. J’en étais restée à deux sexes, voire trois avec l’hermaphrodisme et je pourrais aller jusque quatre en intégrant le non-genré mais 720 ?!!! Je vais me renseigner et je reviens.

6) Le blob, ce super héros

Notre blobinet a encore plein de spécialités fort sympathiques : il est quasi immortel, il dort comme un loir, et c’est un champion du monde de la cicatrisation… Tout ça mérite l’élaboration d’un deuxième article, le temps que j’étudie le blob de plus près et que j’essaie notamment de comprendre ce que peut signifier avoir 720 types sexuels.

S’il y a des biologistes dans la salle…

PS: Les deux livres sur le blob d’Audrey Dussutour sont de véritables coups de coeurs. J’apprécie l’humour et la simplicité de cette scientifique qui parvient à rendre un sujet tel qu’une omelette baveuse sans cerveau 😅 carrément passionnant! Je ne m’attendais pas à avoir autant de plaisir à les lire.

Si vous avez la chance d’être différent, ne changez jamais.

Taylor Swift

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